Début février, le sénat français décidait de supprimer la PMA pour toutes en deuxième lecture du projet de la loi Bioéthique. Cet article 1 aurait pu ouvrir la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules. Cela nous montre une chose : les combats sont loin d’être gagnés ! Alors après avoir fait un panorama des bonnes nouvelles du féminisme de l’année 2020, il nous semblait important de dresser également une liste (non exhaustive) des bonnes nouvelles que l’on aimerait vous annoncer à la fin de l’année 2021, mais aussi des points de vigilance auxquels il va falloir faire attention.
Par Louise
La loi bioéthique
Le 16 février 2017, Emmanuel Macron tweetait :
« Le fait que la PMA ne soit pas ouverte aux couples de femmes et aux femmes seules est une discrimination intolérable ».
Quatre ans plus tard, la PMA (procréation médicalement assistée) n’est toujours pas ouverte à toutes. L’Assemblée Nationale a adopté le projet de loi dans la nuit du 31 juillet au 1er août 2020. Cette nouvelle a été saluée par le Président de la République :
« Un égal accès à la PMA pour toutes les femmes, des droits de l’enfant sécurisés, la recherche encadrée, un débat respectueux des positions de chacun : c’est tout cela la loi bioéthique. L’égalité et la responsabilité. ».
La loi est arrivée jusqu’au Sénat, qui a refusé la PMA pour toutes ainsi que la demande du sénateur Milon qui voulait une seconde délibération pour rétablir l’article 1. Nous espérons que cette décision sera rejetée par l’Assemblée Nationale. Rien n’est perdu mais il faut rester vigilant.e.
Le 1er bilan de la mise en place des bracelets anti-rapprochement
2021 sera aussi le premier anniversaire de la mise en place des bracelets anti-rapprochement, ce qui permettra déjà d’avoir un peu de recul sur son efficacité. Ces bracelets destinés à garder à distance les conjoints et ex-conjoints violents faisaient partie des dix mesures d’urgence du premier Grenelle sur la violences faites aux femmes de septembre 2019.
Le premier bracelet posé en octobre 2020
Et depuis le 1er janvier 2021, il a été généralisé sur tout le territoire. Grâce à la géolocalisation, il sera possible de maintenir une distance entre les agresseurs et les victimes, car tout rapprochement déclenchera un signal d’alarme. En Espagne, ce sont 1 350 femmes qui sont accompagnées par ce dispositif.
Depuis le début de son utilisation il y a 10 ans, aucune des femmes protégées par ce dispositif n’a été tuée. Espérons qu’il fonctionnera aussi bien en France §
Plus de femmes dans les instances de pouvoir
Concernant les femmes qui accèdent à des postes à haute responsabilité, l’année commence bien ! En janvier, avec l’élection de Joe Biden, les États-Unis ont enfin leur première femme vice-présidente : Kamala Harris. Le nouveau président a aussi annoncé la nomination de Rachel Levine au poste de secrétaire adjointe à la Santé, faisant d’elle la première personne transgenre nommée dans une administration présidentielle aux États-Unis.
De plus, l’Estonie vient de devenir le premier pays au monde à être dirigé par deux femmes, Kersti Kaljulaid, Présidente depuis 2016, et Kaja Kallas, Première Ministre nouvellement nommée.
La falaise de verre
Autre bonne nouvelle : les nominations des femmes ne devraient pas s’arrêter tout de suite à en croire la théorie de la « falaise de verre », notamment selon les analyses de la chercheuse Clara Kulich. Cette expression désigne la tendance des entreprises ou des institutions à nommer des femmes ou des personnes issues de minorités à des postes de pouvoir en cas de crise.
Un doute ? En plein scandale Polanski, c’est à Margaret Menegoz que l’on a confié le poste de présidente par intérim des César. À la suite du mouvement de licenciement chez Ubisoft après l’enquête de Libération été 2020 concernant les scandales sexistes, l’entreprise engage Kaja Kallas, au poste de responsable de la diversité. Et les exemples sont nombreux…
Tant mieux ? En tout cas, il était temps. Florence Sandis, présidente de médiaClub’Elles, fait remarquer que :
Le constat est assez similaire dans les différents pays européens
- En Allemagne, 12,8 % des personnes dans les instances dirigeantes des 30 plus grandes sociétés du pays sont des femmes
- 28,6 % aux États-Unis
- 24,9 % en Suède
- 22,2 % en Grande-Bretagne.
C’est lent mais on espère bien voir ces pourcentages bouger fortement en 2021 !
Les rassemblements féministes pour lutter ensemble
Avec un peu de chance, les circonstances sanitaires vont nous permettre de nous retrouver de nouveau en 2021. Cela sera le moment de montrer que nous sommes bien là et prêt.e.s à faire avancer les choses en défilant pour les marches importantes.
Parmi elles, il semble compromis de pouvoir nous rassembler le 8 mars pour la journée internationale des droits des femmes. En revanche, de nombreux évènements sont organisés en ligne. L’occasion de pouvoir échanger virtuellement.
En attendant, vous pouvez toujours nous retrouver ici, sur Twitter, sur Facebook, sur LinkedIn et bientôt sur Instagram.
Une lueur d’espoir pour terminer et la preuve que la mobilisation fonctionne !
Le gouvernement français vient d’annoncer qu’il mettait fin à l’appel d’offre qui aurait mis la Fédération Nationale Solidarité Femmes en concurrence avec d’autres organismes pour le numéro d’urgence dédié aux victimes de violences conjugales.
Ce numéro restera donc bien le 3919 et il n’est plus question de risquer une prise en charge moins qualitative des victimes en réduisant la formation des écoutantes et la durée des appels.
Une belle victoire donc qui donne envie de continuer à être vigilant.e.s pour cette année 2021.
À propos de l’autrice
Autoentrepreneuse en rédaction, Louise est experte en langue française et bientôt doctorante en Sciences de l’Information et de la Communication sur un sujet lié aux études de genre.
Photo de Marisa Howenstine sur Unsplash