Vous cherchez une nouvelle série à visionner ? Pour vos dimanches sous la couette, voici mon petit conseil : Culbutes, nos sexualités sous influence. Dès le titre, tout un programme !
Par Valérie Mastrangelo
C’est une mini-série intelligente et fun, que vous trouverez en libre accès sur le site d’ARTE. Composée de sept épisodes d’une dizaine de minutes, elle a été écrite et réalisée par Léo Favier, avec Edith Carron au graphisme – que nous retrouvons aussi à l’écriture.
Les épisodes sont composés d’extraits de films, de séries, de pubs, de jeux vidéo, de dessins, que décortiquent des experts français et allemands en expliquant les sujets abordés. Tout ceci, avec un montage rythmé et joyeux. Les thèmes sont tous plus intéressants les uns que les autres comme : orgasmes, consentement, érotisation du viol, virilité, regard masculin, queer et exotisme, etc.
Je défie quiconque, jeunes et moins jeunes, de ne pas être interloqué devant tel ou tel épisode qui nous pousse à la prise de conscience ; par exemple celle du comportement du protagoniste, dans ce film que vous adorez, qui n’écoute pas les refus de l’héroïne et insiste lourdement va jusqu’à l’embrasser de force.
Et évidemment elle se laisse faire parce que, « c’est bien connu, quand une femme dit non, cela veut dire oui ! »
Un seul modèle de la virilité triomphante
Je vais m’attarder sur le quatrième épisode, celui qui traite du sujet de la virilité. Comment la culture véhicule-t-elle le stéréotype de l’homme puissant et fort ? Quelle est son origine ? Qu’est-ce que cela apporte aux hommes ? Aux femmes ?
Je me suis donc rendu compte que Brad Pitt (l’amour de ma vie) ou encore Dirty Dancing (le film de ma vie) ont participé à la propagation de l’image de « l’homme, le vrai ! » Hétérosexuel, beau et fort, protecteur, guerrier, mentalement courageux, paternel voir paternaliste, il enchaîne les conquêtes féminines et il le fait bien savoir.
Les différents experts nous expliquent que cette propagande de la virilité triomphante date de la Grèce antique et qu’elle ne laisse aucune place aux autres masculinités d’exister. Ce dogme est donc toxique en premier lieu pour les hommes eux-mêmes, sans compter qu’il participe à l’homophobie et par une vision du féminin en totale opposition – et soumission.
Des injonctions qui persistent, même chez les plus jeunes
Par exemple, il y a deux semaines j’ai rendu visite à un ami d’enfance. Petite précision qui a son importance, il est célibataire et hétérosexuel. Pour le déjeuner, des amis à lui nous ont rejoints. Des hommes hétérosexuels, certains célibataires et d’autres mariés, citadins, avec un haut niveau d’études, et travaillant dans la publicité ou dans la mode.
Ils ont passé 90 % de leur temps à parler de femmes et de sexe ! Ils disaient avec quelle femme célèbre ils aimeraient bien coucher ou encore évoquaient leurs conquêtes féminines. Mais surtout, ils n’ont cessé de bombarder de questions déplacées mon ami concernant sa vie sexuelle. Apparemment, quand on est célibataire il faut absolument « sauter sur tout ce qui bouge » !
J’ai assisté, amusée, à cette démonstration en me disant : « Les pauvres… quelle pression ! Foutez-vous la paix ! »
Alors, vous allez me dire que la nouvelle génération est différente. C’est vrai, les plus jeunes acceptent mieux les différentes masculinités mais c’est l’apanage de ceux issus de catégorie sociales élevées (intellectuellement et culturellement parlant). Ce n’est donc pas la majorité des cas.
La virilité triomphante, et tout ce que cela comporte, est encore l’image dominante
En effet, l’une de mes amies intervient dans les collèges et lycées afin d’expliquer aux adolescents les rapports sexuels, amoureux… Elle me racontait que les garçons sont très angoissés à l’idée de faire l’amour parce qu’ils craignent de casser leur sexe !
Apparemment il s’agit d’une peur récurrente. Comme l’explique la série Culbutes, le sexe masculin en érection est symbole de pouvoir et de puissance ; la panne, ou la défaillance, est considérée comme l’humiliation suprême. Ces pauvres adolescents n’ont pas encore commencé leur vie sexuelle qu’ils ont déjà la pression.
Mais je n’en dis pas plus… je vous laisse découvrir cette fabuleuse mini-série que tout le monde a intérêt à regarder !
Foncez sur ARTE.tv, Culbutes est en replay jusqu’au 20 / 12 / 2024.
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