« Engagez-vous, rengagez-vous, qu’ils disaient… » Certes, sous la plume de René Goscinny et Albert Uderzo, l’engagement n’a pas tout à fait le même sens qu’aujourd’hui. Toutefois, il témoigne bien de la multitude de sens que le terme peut recouvrir. Car finalement, s’engager, qu’est-ce que c’est ? Difficile en effet de le définir précisément tant la notion même d’engagement peut différer selon qu’elle s’applique au sport, à la finance, à l’armée, à la comptabilité, à l’histoire, à la médecine, au digital, aux réseaux sociaux, à la société, au monde professionnel… L’engagement serait donc protéiforme mais alors, pour quoi (et pourquoi) s’engage-t-on aujourd’hui ? 

Au sens philosophique du terme, tel que présenté dans le Larousse, l’engagement est « pour les existentialistes, l’acte par lequel l’individu assume les valeurs qu’il a choisies et donne, grâce à ce libre choix, un sens à son existence. » 

Engageons-nous pour donner du sens

L’engagement serait donc une réponse à une quête de sens. Donner du sens à sa vie, à son travail, à son mode de consommation… Face aux grands enjeux de société actuels, l’engagement apparaît alors comme un moyen d’expression, une remise en cause de l’ordre établi, un acte de protestation, de rébellion, de résistance, presque une façon de vivre… « Engagez-vous » faisant alors directement écho au fameux « Indignez-vous », tous deux rédigés par Stéphane Hessel. 

Aujourd’hui, l’engagement est partout : dans les associations, dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans la rue et même en entreprise, à tel point que le média Stratégies lance son 1er Grand Prix de la Communication d’engagement ! En France, 12,5 millions de bénévoles, soit près d’un.e citoyen.ne sur quatre, et autant chez les hommes que chez les femmes (24 %), se sont ainsi engagé.e.s pour une cause en 2019. Une proportion en constante augmentation grâce notamment à un engagement de plus en plus fort des jeunes de moins de 25 ans : ils sont en effet 36 % à donner gratuitement de leur temps à une association ou à une action citoyenne. 

65 % des employés des grandes entreprises à l’échelle mondiale se sentent désengagés

alors que moins de 6 % des salariés français se disent engagés au travail.

Source : sondage Gallup, 2017

À chacun.e son engagement

Que représente alors l’engagement pour cette « nouvelle génération » de bénévoles ? Pour les 15-34 ans, il s’agit majoritairement de mener des actions concrètes de soutien en faveur des autres. Près de huit jeunes sur dix y voient ainsi un moyen de soutenir une cause ou d’aider les autres, et pour plus de la moitié, s’engager représente une opportunité de créer du lien social et de favoriser des rencontres autour d’intérêts communs. Enfin, un tiers y voient une façon de donner du sens à leur vie.

Parmi les principales valeurs associées à l’engagement : la solidarité et l’entraide arrivent en 1re position pour plus d’un tiers d’entre eux (35 %), devant l’altruisme, la générosité et le partage. 

Une quête de sens qui se ressent à l’échelle mondiale 

42 % des adolescents américains affirment discuter des causes qui leur tiennent à cœur avec leur famille et leurs amis pour les convaincre… De même, près de 7 adolescents sur 10 (68 %) estiment qu’il est de la responsabilité des entreprises de résoudre les grands problèmes de société. Résultat : une grande majorité d’entre eux (les deux tiers) se montrent beaucoup plus attentive aux campagnes de communication d’une entreprise engagée et également plus susceptibles (à 62 %) d’acheter les produits d’une marque qui fait preuve de transparence sur ses engagements. Et 71,3 % des jeunes actifs seraient intéressés si leur entreprise proposait un partenariat avec une association.

Pour quelles causes s’engage-t-on alors le plus aujourd’hui ? Pour le social caritatif, les loisirs, la santé, le sport, l’environnement, l’emploi… Toutes les causes sont bonnes mais à chacun.e la sienne, selon ses centres d’intérêt bien sûr, mais aussi sa génération et son genre. Ainsi, plus de la moitié des jeunes (53 %) aimeraient s’engager pour une cause environnementale alors qu’un sur trois privilégierait la défense des droits et des causes, l’aide aux jeunes en difficulté et la santé.

Les femmes manifestent pour le droit à l'avortement

Quand l’engagement a un visage…

Autre facteur de différence que l’âge : le genre. Ainsi, et cela n’étonnera personne, la lutte pour l’égalité des droits femmes-hommes reste majoritairement l’apanage des femmes. Comme le résume Sophie Rétif dans son ouvrage Logiques de genre dans l’engagement associatif (Dalloz-Sirey, 2013), les femmes s’engagent davantage pour des causes sociales et humanitaires, et pour une société plus « juste ». Parmi leurs « thèmes de prédilection » : l’aide aux plus démunis, aux orphelins, aux victimes d’abus sexuels, aux sans-papiers, ou, dans d’autres registres, la défense de la culture bio, du commerce équitable, le développement des énergies renouvelables…

60 % des bénévoles sont des femmes.

Source : Macif, 2018

Les nouveaux rôles modèles féministes 

Manif Nous Toutes du 23 novembre 2019

Pas étonnant alors de retrouver nombre de femmes parmi les grandes figures mondiales de l’engagement aujourd’hui. Pour ne citer que les plus « célèbres » : la militante pakistanaise Malala, l’activiste suédoise Greta Thunberg, la capitaine allemande Carola Rackete, la chanteuse belge Angèle ou encore l’actrice britannique Emma Watson.

Et c’est sans parler des nombreuses représentantes du mouvement #MeToo. De nouveaux rôles modèles féministes et au féminin qui poussent les jeunes notamment à s’engager à leurs côtés. Parmi leurs chevaux de bataille : dénoncer le sexisme, mais aussi pour défendre les droits des réfugiés, la lutte contre le réchauffement climatique, la surconsommation, etc.

Des causes dont s’empare toute une nouvelle génération de jeunes femmes… mais aussi de jeunes hommes incarnant désormais le nouveau visage féminisme. Un féminisme plus ouvert à l’image de la Marche contre les violences sexistes et sexuelles organisée le samedi 23 novembre dernier par le collectif Nous Toutes ! qui a réuni 150 000 participant.es partout en France, de toutes générations et de tout genre. 

Aujourd’hui, 58 % des Français se considèrent féministes, un chiffre en constante augmentation depuis 2014.  Si près de la moitié des hommes (49 %) se disent eux aussi « féministes », une majorité d’entre eux (près de 7 sur 10) ont compris que ce sujet concerne aussi bien les hommes que les femmes et qu’il s’agit avant toute chose d’une question d’égalité.

 

Pour un féminisme plurivoque et fédérateur

L’engagement a évolué et le féminisme aussi. Surtout depuis les mouvements #metoo et #balancetonporc qui ont placé la question des femmes au premier plan et en ont fait un combat tout autant politique que sociétal. Ainsi, comme l’expliquait l’écrivaine Florence Montreynaud, à l’origine du mouvement féministe des Chiennes de garde, invitée sur France Inter dans l’émission « Pas son genre » :

« Le féminisme en tant que tel n’existe pas. Il y a certes plusieurs types de féministes : ce sont des groupes qui ont chacun leur identité, leur couleur, leur motivation, leur forme d’engagement. Aujourd’hui, il y a de tout : de jeunes féministes, mais aussi des féministes de générations différentes. […] Cela dépend de chacune en fonction d’où elles viennent et de leurs situations présentes… L’objectif, lui, reste toujours le même : un monde plus juste et moins violent ».

Nous sommes l’Association Française du Féminisme

Voilà pourquoi nous avons créé AFF, l’Association Française du Féminisme. Voilà pourquoi nous nous engageons en faveur d’un féminisme bienveillant, humaniste, inclusif et positif. 

  • Parce que 52 % de la population mondiale, à savoir les femmes, n’ont toujours pas accès aux mêmes droits que les 48 % restants (les hommes donc). 
  • Parce que les questions de genre ne doivent plus être un sujet pour laisser place à l’individu.
  • Parce que féminisme rime avec altruisme.
  • Parce que OUI, le féminisme nous concerne tous et toutes, et n’est pas le seul apanage des femmes.
  • Parce que « Nous » sera toujours plus puissant que « JE ».

Le manifesto d’AFF

Voilà pourquoi nous avons créé cette association, voilà pourquoi nous nous engageons au quotidien à travers notre manifesto :

  • Fédérer et rassembler les initiatives et les act.eur.rice.s, autant à titre individuel que collectif, qui œuvrent pour l’amélioration des droits des femmes.
  • Engager la réflexion, les débats sur la place des femmes dans la société.
  • Militer pour la cause féministe et se mobiliser pour l’égalité.
  • Innover pour un monde plus égalitaire et respectueux des droits de chacun.e.
  • Ne pas accepter les stéréotypes et déterminismes de genre. Tout mettre en oeuvre pour les déconstruire. 
  • Inclure et impliquer toute la société (hommes et femmes) de toutes origines et de toutes générations. 
  • Soutenir la sororité et la solidarité : toutes les actions de l’association visent à apporter son soutien aux différents activistes de la cause féministe. En communiquant sur leurs actions, initiatives et événements et en leur offrant des occasions de prise de parole.
  • Mettre en avant la mixité et la diversité pour davantage de richesse dans les échanges et les actions. 
  • Eduquer et former pour lutter contre le sexisme et les violences.

Ensemble, indignons-nous de la situation actuelle !

Ensemble, luttons en faveur de l’égalité des droits et des devoirs de chaque individu !

Ensemble, joignons nos forces pour une société plus durable et apaisée !

Ensemble, redonnons au féminisme son véritable sens !

Ensemble, engageons-nous contre les inégalités ! 

En savoir plus sur l'Association Française du Féminisme