Dans le cadre du 8 mars 2022, sous l’impulsion de la Ville de Paris et de sa thématique : « Femmes en première ligne », l’Association Française du Féminisme lance son projet artistique #RegardezLes. Ce projet démarre avec 3 premiers portraits de femmes invisibilisées dans le cadre de la crise sanitaire. #RegardezLes est un concept artistique mêlant photos et illustrations pour visibiliser les femmes qu’on ne voit pas assez. Découvrez le portrait de Claire, infirmière !
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots, et présenter votre métier (prénom et nom, âge, profession, durée expérience professionnelle…) ?
Claire Delamare, 25 ans, infirmière dans un hôpital Parisien depuis 3 ans et demi
Comment avez-vous vécu le premier confinement ?
J’ai vécu le premier confinement comme s’il n’y en avait pas vraiment pour moi puisque je sortais quasiment tous les jours pour aller travailler. Au travail, il y a eu un élan de motivation donc une excellente ambiance pendant ce confinement. Nous nous sommes tous soutenus, un sentiment d’utilité et de manque de considération se mélangeant. Je n’ai pas ressenti de peur même si l’énorme manque de matériel de protection et de médicament était parfois handicapant. De plus, ayant vécu le confinement à Paris, j’ai pu voir les rues, le métro complètement vide, ce qui était assez apaisant.
Un souvenir marquant de cette période ?
L’un des souvenirs les plus marquants lors de ce premier confinement, c’est le calme que j’ai ressenti lorsque je sortais à 6h pour me rendre au travail. Le calme de la place de la République lorsque le ciel se levait à peine. Le wagon du métro rien que pour moi la plupart du temps car même si j’ai l’habitude de me lever tôt, je n’avais jamais connu Paris aussi vide.
Quel a été votre rôle de “première ligne” pendant toute la pandémie ?
Mon rôle pendant cette pandémie à été de soigner les patients atteints de la Covid. Les surveiller, les rassurer ainsi que leur famille. Mais aussi de soigner les autres patients non-Covid qui avaient besoin d’être hospitalisés et qui parfois arrivaient dans des états catastrophiques du fait d’avoir repoussé leur venue aux urgences de peur d’être contaminés.
Quelle reconnaissance avez-vous eu de votre implication – de la part des pouvoirs publics, de vos proches, d’inconnus… ?
J’ai eu la sensation d’avoir eu de la reconnaissance de la part de ma famille et de mes amis proches qui ne sont pas infirmiers. Ils m’ont dit qu’ils étaient fiers de moi. De la part de la population, nous avons été applaudis tous les soirs, nous avons reçu de la nourriture de certains commerçants. Cet engouement nous faisait plaisir mais nous n’étions pas dupes quant au fait qu’il ne serait qu’éphémère. Pendant la première vague, le gouvernement ne nous a pas tant soutenus. Nous avons dû travailler avec des masques périmés, pas de surblouse de protection, et des énormes ruptures de stock de certains médicaments. Nous avons certes eu une augmentation de nos salaires mais aucunement à la hauteur exprimée dans les médias. Ni à la hauteur de la qualité des soins que nous procurons. Les infirmiers ne veulent plus travailler à l’hôpital public qui n’est plus attractif. Ce fort sous-effectif entraîne encore des fermetures de lits. Il en résulte une baisse de la qualité de nos soins et par conséquent une baisse de la qualité de la prise en charge de la santé de tous les Français.
D’une manière générale, que pensez-vous de la valorisation de votre métier / activité ?
Mon métier d’infirmière selon moi n’est pas valorisé à sa juste valeur. Au-delà du salaire, qui pour moi n’est pas assez conséquent au vu des soins dispensés et de la charge de travail qui nous incombe, nous avons encore des patients et des familles qui sont irrespectueux de notre travail et parfois injurieux envers les équipes soignantes. Évidemment tous les patients ne sont pas désagréables. Nous avons aussi des patients qui nous remercient chaleureusement, qui nous offrent des chocolats etc. Cependant, nous avons besoin d’une reconnaissance des pouvoirs publics. Nous attendons surtout qu’ils nous fournissent le matériel et les effectifs nécessaires pour que nous puissions soigner tout le monde dans de bonnes conditions.
Quelles femmes, célèbres ou anonymes, admirez-vous ?
Une des femmes que j’admire le plus est ma grand-mère paternelle : elle a toujours représenté pour moi une femme distinguée, forte et belle. Elle a été cheffe d’entreprise, elle a travaillé avec des journalistes et des hommes politiques. Elle a su gérer son entreprise tant dans la communication avec ses clients qu’avec ses employés. C’est une femme intelligente qui sait ce qu’elle veut, mais fait toujours preuve de diplomatie et d’écoute. Elle est aussi une mère dévouée et une formidable grand-mère pour ses cinq petits-enfants.